Bikers’ Classics - 2014 : Ouvrez les yeux et les oreilles !
, 2014-07-11 21:54:37
Bikers’ Classics 2014 : que d’eau, oufti !
Ce samedi, la pluie est au rendez-vous et présente longtemps, trop longtemps.
C’est dommage car elle incite les spectateurs à rester à la maison et les pilotes à la prudence.
Les absents ont tort car les motos remarquables ou un peu moins, les pilotes connus ou pas, sont bien présents. Allons à leur rencontre et ouvrons grand les oreilles.
Rob Buthker et sa Ducati.
« Je roule avec cette moto qui a un moteur Pantah 600CC, bicylindre. Le moteur d’origine est un 500CC que j’ai modifié. Cette moto, je l’ai construite entièrement pendant deux ans, deux hivers. Tout est fait par moi-même. Les roues avec les rayons sont superbes. J’ai déplacé le sélecteur de vitesses à droite parce que j’ai plusieurs vieilles Ducati et je ne veux pas risquer de confondre. C’est mon hobby.
Je suis à Francorchamps aujourd’hui comme chaque année. Il y a quelques semaines, j’étais avec le Club Ducati à Assen. J’ai roulé aussi à Imola, il y a quelques années. Il n’est pas toujours facile de se libérer et, l’an dernier, je n’ai pu venir qu’à Assen et Francorchamps. Je roule pour le plaisir, c’est ma passion. Le temps de la réflexion et de la construction d’une machine est un moment de détente pour moi. Déjà petit enfant, je rêvais d’une machine comme celle que je possède maintenant. J’ai commencé à la construire mentalement et puis réellement. Mon rêve est devenu réalité. J’ai 5 Ducati mais celle-ci est ma préférée. Celle-ci et une 250 Mach 1 sont pour la course. Pour la route, une 750 F1, une 750 Sport Carenata et une 848. Comme ma femme roule aussi en 750, nous avons 6 Ducati. »
Sophie Smith.
« Depuis quelques années, nous nous croisons à Francorchamps, Mettet et Chimay. Tout va très bien. Je regrette que Mettet qui était la première épreuve de l’année, ne soit plus au calendrier. Dommage car nous adorons la Belgique, les Belges et c’est pourquoi nous sommes encore ici à Francorchamps. Avec Tony, nous participons au championnat d’Espagne. Les compétiteurs espagnols disposent majoritairement des monos 500, des Bultaco 359 qui sont TRES rapides et c’est amusant. En plus de la compétition, je suis journaliste ‘free-lance’ pour le magazine ‘Café Racer’, occasionnellement pour ‘Classic Racer’. Sur la chaîne LCI, je participe à une émission hebdomadaire ‘Moto hebdo’ avec Philippe Monneret. J’essaie motos et scooters. Pour Francorchamps, tout va bien. Tony a préparé nos motos et je suis très satisfaite de la mienne. »
Christian Hames - Team Force 56.
« J’ai commencé la compétition à l’âge de 16 ans. Si j’étais fougueux, je n’avais pas le vrai talent et j’ai terminé plus souvent par terre qu’à terme. Malgré ma grande volonté, j’ai compris qu’il fallait laisser la place aux pilotes doués et j’ai donc quitté le monde de la compétition moto pendant une vingtaine d’années. Il y a 8 ans, nous nous sommes installés à Chimay et le virus m’a repris en remontant des motos anciennes, dont une Ducati 750 Imola pour un ami d’enfance.
Les courses de moto classiques sont exceptionnelles pour leur ambiance. Par contre, les sprints limités à 15 minutes sont décourageants au vu des investissements exigés. C’est pour cette raison que j’ai décidé de réorienter mes priorités vers l’endurance.
Partir d’une feuille blanche est plus simple pour choisir les bons éléments, que ce soit pour le matériel ou pour les personnes.
Un ami breton m’a prêté un châssis Morena 1980, j’ai acheté deux vieux moteurs Suzuki GSX, j’ai reçu le support de Bruno Bailly pour les moteurs ainsi que celui d’Alain Doncq et Gilles Musschoot pour monter la moto. A peine terminée, elle est engagée pour sa première course avec Michel Siméon qui invite Richard Hubin comme partenaire. Pour ce Bol d’Or Classique 2013, nous terminons quatrième, ce qui nous a encouragés à continuer.
Les membres de l’équipe qui nous ont aidés pour le Bol d’Or, tous des bénévoles expérimentés, l’appui de deux champions du monde Richard et Grégory ont permis à notre projet de devenir professionnel : les idées, le matériel, le temps et l’énergie sont présents.
La préretraite me permet de me consacrer entièrement à cette passion. Pour notre première participation au Championnat Européen ( E. C. S. ) au Castelet en avril 2014, nous terminons premiers. A Mettet en mai 2014, même résultat. Aujourd’hui à Francorchamps, nous avons le troisième temps des essais et nous croisons les doigts pour terminer sur la plus haute marche, mais la lutte sera rude. ( NDLR : Richard et Grégory gagnent à Francorchamps ! )
Nous but est de nous consacrer aux courses d’endurance de motos classiques, au vu des budgets exigés et du peu de courses en motos modernes.
J’assume personnellement les frais de fonctionnement. Nous ne bénéficions d’aucune aide de la Fédération, d’aucun autre support financier. Heureusement, quelques amis nous aident pour le montage et les adaptations (ChimOtto), les moteurs (Bailly Engineering), les pots (Arrow), la carrosserie (Preumont), les polyesters (13.8 Composite) et le support médiatique (Couvin.com).
Le souhait de l’équipe est de progresser encore et nous espérons que les bons résultats ouvriront des portes pour couvrir les frais fixes ; inscription, pneus, essence, huile, révisions, …
Nous n’avons pas les moyens des autres écuries présentes qui ont un budget d’environ 200.000€ mais nous avons de bonnes machines, d’excellents pilotes et des mécaniciens hors pair, sans oublier un très bon esprit d’équipe. Ceci peut expliquer que nous terminons 3 fois vainqueur pour 3 courses. Un grand merci à Marie-Jeanne Grégoire, Alain & Antoine Doncq, Italo Ricci, Gilles Musschoot, Charly Fastré, Eddy Lenoir. »
Richard Hubin - pilote.
« J’ai été champion du monde endurance en 1983. Je roule toujours beaucoup à moto mais pas sur la piste, surtout en enduro. J’ai créé une école pour les enfants. Je connaissais Christian ( Aimes ) de nom et j’ai eu l’occasion de rouler au B.O.C. ( Bol d’Or Classic ) l’année dernière avec eux. J’ai été charmé par la moto hyper-performante, par l’ambiance familiale et l’efficacité du team. De plus, les résultats suivent. La moto est peut-être âgée mais très fiable. Christian monte pour l’instant une nouvelle moto. Celle qui roule en course est un châssis Morena, moteur Suzuki et celle en préparation est un châssis Harris. Elle devrait être plus performante encore que la Morena. »
« Un mauvais souvenir ? »
« Beaucoup évidemment mais plus des déceptions que de mauvais souvenirs. Il faut apprendre à passer outre et à aller de l’avant. »
« Un bon souvenir ? »
« Beaucoup, aussi, comme ma première victoire. Je retiens en 1983, le titre de champion du monde et surtout, la victoire aux 8H. de Suzuka, au Japon, devant toutes les équipes d’usine. Je pense, qu’à l’heure actuelle, nous sommes toujours le seul équipage 100% européen à avoir gagné à Suzuka. Cette victoire vaut pour moi, au moins autant qu’un titre de champion du monde. »
Grégory Fastré - pilote.
« Je suis pilote d’endurance. J’ai gagné deux titres de champions du monde catégorie Superstock en 2012 et 2013, sur moto moderne. ici, j’ai la chance de rouler avec Team Force et Richard ( Hubin ) sur une moto ancienne, mais une très bonne moto qui nous procure d’excellents résultats. Entre une moto moderne et une classique, les différences ne sont pas aussi importantes qu’on pourrait le supposer. Des éléments mécaniques comme les freins, le type de pneus sont totalement différents mais en performances pures, les deux motos sont proches. Je participe aussi au championnat du monde et je pars après cette course, pour Suzuka. Cette saison, nous visons un podium, le team vient de monter de catégorie et nous cherchons nos repères. Ensuite, retour pour les classiques avec Richard. Mon objectif principal pour cette année est le titre de champion européen en classiques.
Toute ma famille, parents, oncles ont pratiqué les sports mécaniques. Pour moi, c’est la moto. Au début, l’Italjet dans le jardin. J’ai commencé la compétition à 16 ans en scooter, assez tard parce qu’auparavant, j’ai pratiqué VTT et basket à un haut niveau. Donc, pas de temps pour un sport qui en plus, était déjà onéreux. A 16 ans, je reçois un scooter et je vais voir un copain de classe qui lui, participe à la compétition et qui m’y entraîne. Voilà le début pour moi. (Mal) heureusement, je fais tout de suite de bons résultats. L’envie de continuer est présente et mes parents se sacrifient pour moi. Sans eux, je ne serais pas ici maintenant. Après le scooter, la 250, la 600, la 1000. Je participe au championnat du monde et gagne deux titres. Mais en Belgique, pas de retour ! C’est une satisfaction personnelle, la fierté d’avoir réussi et l’espoir de continuer. Quand je vois Richard toujours aussi rapide en piste, je pense avoir encore de belles années devant moi, au moins 4 à 5 ans au niveau mondial. Ensuite, je continuerai à satisfaire ma passion. Sans plaisir, je ne roule pas. »
Italo Ricci - mécanicien.
« Travailler sur les motos de Christian m’apporte beaucoup de plaisir, ça me plaît, ce boulot. Mais j’apprécie aussi la possibilité de tester les facultés de réaction. Par exemple, pendant l’endurance de Francorchamps, nous avons connu un souci avec le sélecteur de vitesses qui s‘est déboîté du roulement. Comme nous sommes en lutte avec deux autres équipages pour la victoire, envisager une réparation de plusieurs minutes, c’est perdre tout espoir pour la première place. Alors, j’ai réalisé un ‘bricolage’ : forer un trou du sélecteur au roulement, récupérer une vis Parker et la fixer pour maintenir les deux éléments. Nous terminons premiers et l’équipe m’a offert la coupe pour ma bonne idée. »
Bernard Ansiau - pilote et mécanicien de ‘The Doctor’.
« Bernard Ansiau, 55 ans je travaille en G.P. depuis 1983 pour Didier de Radiguès, Thierry Espié, Randy Mamola, Kevin Magee, Wayne Rainey, Darryl Beattie, Norick Abe, Kenny Roberts junior, Mick Doohan et Valentino Rossi. Aujourd’hui à Francorchamps, je roule sur la moto de Paul Galles, un ami.
J’ai déjà roulé sur une de ses motos à Hockenheim, une 750 Yamaha. Paul est un passionné de vieilles motos et je suis toujours en rapport avec lui. Comme lui, j’aime beaucoup les anciennes machines et il m’offre de rouler avec elles, notamment sa 750 Yamaha ce week-end. J’en profite un maximum. C’est un objet magnifique. Plus que les motos actuelles sur lesquelles je travaille tous les jours et qui sont considérées comme des ‘outils’, l’ancienne attire le regard. Oeuvre d’art, elle suscite passion et plaisir. Mais peut-être que dans 30 ans, les motos actuelles provoqueront la même réaction…
Quant à mon avenir, j’ai envie de continuer avec les gens de Yamaha avec qui j’ai une bonne collaboration, continuer en G.P. tant que ma santé me le permet, avec Valentino si possible.
Mon pire souvenir est l’accident de Wayne Rainey en 1993. J’ai vraiment souffert et envisagé de stopper ma carrière. Mais Wayne m’a poussé à continuer. Des bons souvenirs, j’en garde plusieurs mais celui que je sors du lot est le retour chez Yamaha après 6 ans chez Honda, non pas que je ne me sois pas plu chez Honda. Pour son retour chez Yamaha, Valentino gagne le premier G.P. devant Max Biaggi à Welkom. C’est un moment d’anthologie.
Travailler avec Valentino est un plaisir permanent, c’est un garçon charmant. Il attire la foule et parfois, c’est un peu pénible pour travailler… Je le connais depuis ses 20 ans, je l’ai vu grandir, évoluer, devenir la star qu’il est. Par contre, notre relation est restée la même parce que lui n’a pas changé. »
Si vous étiez absent, vous avez compris que vous avez raté quelque chose. L’an prochain, n’hésitez pas. Venez nager avec nous …
Dimitri et Philippe Haulet.