Le Portugal, la tête remplie de souvenirs ...

Jacques Fievez    2015-10-19 22:03:54   

Le Rallye du Portugal 2015 de Jacques et Dré à bord de la Porsche N°106.


La tête remplie de souvenirs ...

Samedi 10 octobre, le rallye est déjà fini. Je sors de l’hôtel Palacio d’Estoril avec une petite valise remplie de mes effets et une tête remplie de souvenirs impérissables. Un sourire me traverse tout le visage…

Charles Chavan me félicite pour ma belle 10ème place. Sur le coup, ce "Grand Monsieur", dans tous les sens du terme, me met déjà la larme à l’œil et Eddy Coppée m’en rajoute une couche en me demandant de lui écrire 4 lignes sur le sujet. « 4 lignes », bigre que c’est court.

Je crois sincèrement que ce rallye nous a transformé tant l’expérience vécue et acquise est importante.

Ce rallye rassemble vraiment tout ce dont des passionnés, comme nous, attendent. En outre, c’est "du vite" tant pour les pilotes que copilotes ainsi que pour l’assistance. C’est dur à tenir physiquement, sportivement et pour la mécanique qui en bave littéralement. Cela ne vient pas tant de l’état de la route qui est globalement correct mais de la dangerosité des routes alliées à la vitesse du parcours et sans doute parfois à la fatigue accumulée.

Rendez-vous compte que seulement près d’une voiture sur deux arrive au terme du rallye et bien de celles qui franchissent la ligne d’arrivée portent de lourds stigmates…

Enchainement rapides des étapes & mécanique ...

Sur 2.200 km, 4 jours de rallye, Dré (mon copilote) et moi, avons tout connu !
Les débuts n’étaient pas prometteurs car je partais avec une bronchite. J’avoue qu’après avoir retrouvé ma Porsche sur le parking d’Estoril je commençais à retrouver des couleurs. Chargée via l’exceptionnelle organisation dont Joseph Lambert a le mérite, ma Porsche était déjà en route sur camion, en compagnie des autos de C. Verhelle, d’Eric Piraux, de Kauffman, de Deflandre, etc…
La récupérer, c’était comme retrouver ma chaumière...

Pour le premier jour de l’épreuve, je m’étais promis de ne pas m’allumer et de m’appliquer sur cette première tentative qu’était la nôtre. Il fallait rapidement tout découvrir : les notes, les enchainements rapides des étapes, les autostarts et les routes étroites, bosselées et sinueuses qui rendaient le pilotage très vif et rapide. Les débuts restaient prometteurs car concentrés sur notre sujet, nous n’étions pas mal classés (18ème le 1er jour).

Le deuxième jour, nous avons connu des ennuis de Blunik. L’assistance de José Lareppe m’a aidé à rendre vie à mon écran de rappel mais un problème persistait. Je me suis alors souvenu que le roulement de la Porsche avait une fâcheuse tendance à accuser du jeu. J’ai alors resserré le roulement lors des tardives assistances. Dur dur donc la vie de pilote quand le soir il se transforme en mécano.

Sans doute un peu déconcentré, en cette 2ème journée, nous avons aussi pris quelques malheureux « ballons ». Perdus dans les montagnes, avec le rythme imposé par ce genre de rallye, il était difficile de « récoler ».
Respectivement, j’ai remonté 5 puis 4 et encore 5 concurrents. Bref du sport assez amusant mais qui ruinait notre rallye puisqu’on chutait terriblement dans le classement (36ème au terme de la 2ème journée).

Une réparation de fortune !

L’ambiance dans l’auto devient tout autre et c’est là que la cohérence de l’équipage est vraiment mise à l’épreuve. Mais avec Dré, on en a déjà tant vu que, même déçus, on ne renoncera jamais… Je crois même que face à l’adversité des éléments, on arrive à se renforcer.

C’était peu de le dire car, plus tard lors d’une assistance volante, j’observais une fuite au radiateur d’huile, logé dans l’aile avant droite. Là, je craignais le pire et j’aime trop mon engin que pour risquer le moteur mais aussi l’auto, en ce sens que la fuite faisait face à la roue avant droite.
De nouveau donc, le soir, j’allais mécaniquer. Là, l’assistance d’Etienne Baugnée me fut d’un grand secours car elle avait de la « pâte de fer ». René Georges me fit alors une réparation de fortune…

Passage à Sintra. (photo Nuno Silva)

C’est là que définitivement, nous prendrons le dessus sur notre descente aux enfers. L’auto allait super bien, elle me semblait tellement facile à piloter. Dré, de son côté, redevenait le métronome que je connais.

Le troisième jour, Jacques se remis à piloter ...

Aussi, Le troisième jour, alors que tout semblait foutu, on a commencé à faire une remontée discrète mais régulière.
Roulant dans des routes de dingue, aux lignes droites de 100 m max de long et parfois +/- 2m de large ; en étant soit au bord du ravin, soit entre les arbres ; en pilotant sur des routes dont on dirait qu’on a jeté le tarmac sans le rouler, on remontait à la 29ème place.

Nous voilà au dernier jour, il reste encore plus de 805 km à parcourir mais, quelque part, c’est comme une délivrance de n’être plus très loin du but. On attaque et l’auto tient...

E Viva el Rally !

Sur les bords de route, les portugais sont extraordinaires. Passionnés d’automobile, on les entend crier et ça nous motive. Même la police est complice de nos faits et nous protège des passants ordinaires. Bref, ici et à l’inverse de la Belgique, porter un numéro sur les portières et on devient un héros.

Ca nous pulse et sur ces 805 km du vendredi, alors que toutes les mécaniques commencent à flancher et que la fatigue s’installe, notre équipage persiste et signe...
A partir de là, la malchance peut également tout faire changer.
Déjà hier, nos amis Stephane Blaise et Marc Sevrin ont percuté une pierre. La roue sera pliée et même s’ils purent repartir, leur rallye fut ruiné.

Le public était au rendez-vous, ici en pleine nuit et sous la pluie dans la spéciale de Sintra. (photo Nuno Silva)

Aujourd’hui, il en est de même pour nos amis Etienne Baugnée et Benoit Remion dont le moteur lâchera à deux spéciales de la fin. Et le sort sera encore le même pour Yves Deflandre, Jonny Delhez, … et même pour « Chavan » qui pour son dernier rallye (du moins avoué) ira « au trou ». Dans un virage sur gravier, l’auto ne vira pas et avec Patrick Lienne, ils « volèrent » 4 à 5 mètres en contrebas et en se versant sur le toit.

A l’inverse, la chance sourira à certains dont nous-mêmes et précisément sur les lieux où le rallye de « Chavan » bascula. Patrick était alors encore dans l’auto, cherchant l’oreillette de son pilote. Chavan était sur le bord de route. Je l’aperçu assez soudainement et distingua ses signes pour nous faire ralentir. Instinctivement, je levais l’accélérateur et tentait de freiner. L’auto ne virait pas et ne ralentissait que très peu. J’arrivais sans comprendre au bord de la route, jusqu’à ce que l’auto se posa littéralement sur son plancher. Elle s’arrêta alors enfin au bord du précipice et je distinguais seulement la voiture de Chavan sous nos pieds. Mon dieu, il a sauvé mon auto !

Abandon pour Chavan - Lienne sur sortie de route (sans gravité pour l’équipage).

L’équipage accidenté n’ayant rien, on repartait alors de plus belle sans trop prendre conscience des conséquences qui auraient pu être les mêmes pour nous.

On filait… On filait vers un horizon improbable. Au total de ce rallye, on gagnera deux étapes et on se mettra 14 fois dans le top 10.

En définitive, après une Sintra sous la pluie et un public en délire, c’est précisément à cette incroyable 10ème place au général que nous atterrirons au terme de ce terrible rallye.

Qu’est-ce qu’on a fait la fête... et durant deux jours de suite… :-)

Merci aux organisateurs de nous faire vivre une épreuve telle, et merci aux copains...

o à Etienne Baugnée pour son sens du partage,
o à Fred, son fils, pour autant de générosité à nous supporter et nous loger, surtout entre les deux journées de fête,
o à Stephane Blaise pour son humour et ses qualités d’œnologue,
o à Marc Sevrin pour son pointillisme et surtout sa sensibilité,
o à Benoit Remion pour sa complicité,
o à mon assistance gérée par René Georges
o à Joseph Lambert pour partager ses expériences et son appui dans l’organisation,
o à José Lareppe pour avoir redonné vie à mon blunik
o à Charles Chavan pour avoir sauvé mon auto en me ralentissant à l’endroit critique,
o à tous les membres du HRW et certains d’Audi Héritage qui suivent mes aventures
o à Francis Guilmain qui, à distance, arrive à me tempérer
o à Carl pour le transport de l’auto
o aux vaches qui ont bien voulu s’écarter de notre chemin
o à Dré (mon copilote) sans qui tout cela serait impossible
o à mon épouse qui me permet de vivre tout ça
o et à tous les autres qui aussi ont contribué à mon bonheur (Daniel, Robert, Chris Dalis, Patrice, Jacques E, Ambrosini, Eric, Catherine, Bernard, etc…)

Jacques, pour la mémoire de mes enfants.

 Une petite vidéo pour vous mettre dans cette ambiance Fast & Rally

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