A deux, sans chauffage en Austin Cooper : le vrai Monté !

Invité.    2021-01-15 16:08:42   

Willy Braillard raconte son aventure au Rallye Monte Carlo Historique 2015.


Une dernière aventure me tenait à cœur, parcourir toutes les étapes mythiques du Rallye de Monte-Carlo à l’ancienne. Une Mini-Cooper louée à la Carrosserie Delange chère à notre ami Pascal Vandemoortel (reproduction de la voiture victorieuse en 1964 aux mains de Paddy Hopkirk) et un Co-équipier de choix en la personne de Christian Delferier. Quel honneur il me fît lui qui fut le 1er belge à avoir remporté un rallye de championnat du monde. Il seconda également des pilotes prestigieux tels que : Ari Vatanen, Lucien Bianchi, Gérard Larrousse, Jean-Claude Andruet et bien d’autres.
Il me trouva une assistance de choc avec Pierre Gohy et Raymond Venier.

(A lire aussi : Christian Delferier, palmarès impressionnant pour ce copilote globe trotter attachant)

Une assistance de choc avec Pierre Gohy et Raymond Venier, sur le port de Monaco.

Arriver à notre départ de Reims fut déjà épique, la pluie ayant raison de notre allumage ! Arrêt, séchage et arrivée tout juste à temps pour le contrôle technique. Notre assistance résolut le problème avant le départ.
Celui-ci vers 22h pour une traversée de la France avec petit déjeuner au Puy en Velay avec une première spéciale en vue de Monaco dans l’après-midi !

Ensuite, le lendemain toutes les étapes mythiques s’enchaînèrent. Moi qui n’avais jamais roulé en pneus cloutés et sur la neige, je fus servi !! 12 spéciales sur 14 en pneus à clous ! Après 2 spéciales nous étions 56 ème sur 350, avec notre puce !

Les liaisons étaient parfois mémorables, je me souviens d’une autoroute (de nuit) où nous longions le rail de gauche car il était notre seul point de repère tellement la visibilité était nulle, et une voiture nous suivait sans discontinuer m’aveuglant avec ses phares, lorsque je levais le pied pour qu’il nous dépasse, il levait également... jurons dans la voiture pour finalement remarquer à la sortie d’autoroute qu’il s’agissait de notre assistance !
Également le Col de Rousset en Drôme (pour accéder au Vercors ) où on n’y voyait goutte dans une tempête de neige, les épingles étaient prises au jugé, heureusement aucune circulation dans ces conditions dantesques.

Moi qui n’avais jamais roulé en pneus cloutés et sur la neige, je fus servi !

Après la montée dantesque du Col du Rousset, nous arrivons sur le plateau du Vercors… plus de tempête de neige, le contraste absolu dans un décor surréaliste.
Neige fraîche damée et murs de neige comme paysage avec un silence étonnant.
Malheureusement après quelques kilomètres des ratés de plus en plus importants nous amènent finalement à l’arrêt complet, moteur sans voix.
De nuit sous un froid de canard et une bise soutenue, je m’évertue à la lueur d’une torche de découvrir la panne. Christian bien emmitouflé dans la Mini ne voyait pas l’utilité d’en sortir... fallait bien garder un équipier valide ! Finalement en tapotant avec le cric sous les capots avant et arrière le moteur reprit vie et nous atteignons le contrôle avec quelques minutes dans la vue.

Neige fraîche damée et murs de neige comme paysage avec un silence étonnant.

Nous attaquons la spéciale du col de l’Echarasson sur un tapis de glace ! Très vite nous revenons sur une Renault Caravelle Norvégienne qui n’avançait pas et entre 2 murs de neige, impossible de dépasser. Je conduisais la voiture le coude à la portière, quand tout à coup la voiture se dérobe dans une courbe. Crevaison ! Sans doute une coupure due aux aspérités de la glace, mais impossible de s’arrêter avec les murs de neige qui auraient bloqué les concurrents qui nous suivaient.
« T’inquiète » me dit Christian « j’ai des amis un peu plus loin », je croyais à une blague, mais effectivement peu après une lumière de phares sur la droite, un trou dans le mur de neige dans lequel je m’engouffrai et me retrouvai devant un brasero !

ils remplacèrent la roue crevée le temps que j’enfile un vin chaud !

Ni une, ni deux, les amis Ardéchois de Christian soulevèrent la voiture (à l’aide d’une grosse branche...pas besoin de cric !).
Se servant d’une roue sur la galerie de toit ils remplacèrent la roue crevée le temps que j’enfile un vin chaud !
Repartis avec quelques minutes dans la vue, j’admirais tout de même ce que Christian avait amassé comme amitiés et expérience tout au cours de sa longue carrière.
Retour à Valence, centre névralgique du rallye, bien tard pour une nuit bien méritée !

Au départ de Valence l’Ardèche est au programme. Dans la file de départ attendant notre heure idéale, tout à coup de la fumée sort du capot, et très rapidement l’on se rend compte qu’un court-circuit a cramé ( fondu) pas mal de fils électriques ! Rappel de l’assistance qui était déjà partie pour le prochain point d’assistance, et en contact téléphonique avec Émile Businaro le préparateur de la voiture, Pierre et Raymond parviennent à remplacer les fils incriminés et à déceler le court-circuit !

Et grâce à l’habileté de Christian nous parvenons à partir avec retard... sans pénalités.
Les magnifiques spéciales du Col de la Fayolle, le célèbre Burzet et la non moins célèbre Lachamp Raphaël se déroulent entre les murs de neige et un asphalte recouvert en permanence d’une bonne couche. Plaisir garanti avec parfois malheureusement des escargots qui nous retiennent parfois pendant des kilomètres à cause de la piste trop étroite. Nous voyons parfois des voitures moins bien équipées (tractions arrière principalement) qui peinent à monter des pentes avec l’équipier dans le coffre pour peser sur les roues tractrices ! L’après-midi pareil avec les cols de Faux et du Buisson suivi de Lamastre et Baratier notamment, avec une arrivée de nuit à Valence.

Le lendemain la Drôme au programme avec St Nazaire le Désert, La Motte Chalançon et Laborel, toutes spéciales renommées et enfin retour à Monaco.
Douche puis repas et départ pour la dernière étape « La nuit du Turini » célèbre pour ses nombreux coups de théâtre ayant forgé la réputation du Rallye. On nous avait prédit... pas de neige, mais au fur et à mesure que nous montions la pluie se transformait en neige pour voir au départ de la 1ère spéciale nombre d’assistances obligées de monter les pneus cloutés... que nous avions conservés ! Plaisir à nouveau de dépasser pas mal de concurrents dans ce fameux Turini mais également Lucéram, et les cols de Cabanette, Saint Roch, Saint Jean et Castillon pour atteindre Sospel et redescendre vers la Principauté à 4 h du matin !

113ème finalement sur 320 ayant terminés ce marathon, le résultat étant accessoire (la crevaison en spéciale étant rédhibitoire) tant le plaisir était au rendez-vous tout au long du rallye. Et le but absolu était de terminer pour pouvoir parcourir l’entièreté du parcours de ce Monte à l’ancienne... le vrai !
Le soir remise des prix spectaculaire, tenue de soirée avec hymne national tous debout pour chaque vainqueur de catégorie !

Merci encore à nos amis Pierre, Raymond et Christian sans qui cette dernière aventure en compétition n’aurait pas été possible !

À deux, sans chauffage dans ce petit habitacle on en a des souvenirs n’est ce pas Christian ?

À deux, sans chauffage dans ce petit habitacle on en a des souvenirs n’est ce pas Christian ?
Et cerise sur le gâteau en 2017 c’est notre voiture qui avait les honneurs de l’affiche du Rallye. Nous avons d’ailleurs vendu cette affiche à la vente aux enchères du « Stars Rallye Télévie » raison pour laquelle elle comporte nos autographes !

Texte : Willy Braillard

Nous avons d’ailleurs vendu cette affiche à la vente aux enchères du « Stars Rallye Télévie » raison pour laquelle elle comporte nos autographes !

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