J’avais un oncle routier qui arpentait les routes de France et de Suisse. Il faisait toujours le plein dans des stations Mobil où il recevait des miniatures du fabricant Safir. Il s’agit de reproduction fidèle à l’échelle du 1/43ème.

J’ai ainsi reçu deux Citroën B2 de 1924, un Taxi et une Ambulance.

Mais la troisième qu’il m’offrit m’intrigua au plus haut point. C’était une Decauville, une marque dont jamais personne de mon entourage n’avait entendu parler.

Pendant la récré, fier comme Artaban, j’épatais mais copains avec cette voiture unique.

Mais n’ayant pas de livre sur le sujet et Internet n’existant pas encore, je restais assez frustré de ne pas en savoir plus.

Quelques années plus tard, je me suis abonné à l’encyclopédie Alpha Auto. Et lorsque j’ai reçu les fascicules de la lettre D, je pu enfin avoir un peu d’informations sur cette marque.

Voici donc l’histoire de cette marque, avec un étonnant corollaire.

Avant de construire des voitures, la société Decauville s’était spécialisée dans la construction de matériel de chemin de fer à voie étroite.

Elle construisait les rails, les locomotives et les wagonnets destinés aux usines et aux chantiers, pour la France, les colonies et l’étranger.

En 1897, la maison Decauville s’intéressa à la voiturette construite par les ingénieurs MM Guedon et Cornilleau. Ceux-ci furent d’ailleurs les premiers à installer un système à prise directe sur un véhicule, mais n’ayant pas déposé de brevet ils perdirent leur droit au bénéfice de Louis Renault.

Pour l’exploitation de cette voiturette fut crée en cette même année, la Société des Voitures Automobiles Decauville.

Parce que le nom de voiturette était déposé par Léon BOLLÉE, cette petite voiture, vis à vis équipée à l’arrière de deux moteurs DE DION, s’est appelée la voiturelle .

Elle participa à la course Paris-Amsterdam-Paris et termina première de sa catégorie, ce qui favorisa grandement son succès sur le marché.

La Decauville fut également fabriquée sous license en Allemagne par la firme Eisenach, où elle reçut le nom de Wartburg, et en Italie par la société Orio et Marchand.

En 1900, la société fabriqua une voiture à moteur à l’avant et carrosserie tonneau : le 8 HP et 12HP. Ces voitures participèrent avec brio a diverses compétitions, et remportèrent plusieurs succès en catégorie "voiturette" notamment pendant les épreuves Bordeaux-Biarritz et Paris-Rouen-Paris.

Au début des années 1900, l’automobile, cette nouvelle invention excite la curiosité d’un certain Henry Royce. Il se paye une Decauville (De Dion-Bouton) d’occasion pour se rendre à son travail.

Sa voiture le déçoit profondément. Il dira d’elle : « Elle démarre très mal, surchauffe, est très bruyante, peu puissante, vibre de toute part, est difficile à manier, tombe souvent en panne, est peu confortable. »

En 1902, Henri fonde la " Royce Company " à Manchester et fabrique sa propre première voiture de 2 cylindres et 10 chevaux, la Royce 10 HP en y appliquant tout son génie, son esprit de simplification et de perfectionnisme.

En 1903, Henri Royce présente la 10 HP. Les spectateurs la trouveront esthétique, luxueuse, robuste, fiable, silencieuse, confortable, souple, sans aucune vibration et qu’elle démarre de façon fiable. Il se fait vite une excellente réputation unanime dans tout le pays.

Elle fait son premier essai sur route le 1er avril 1904 sur une distance de 25 km avec un moteur de 12 chevaux pour 50 km/h avec une vitesse alors limitée à 33 km/h. Elle sera construite à 16 exemplaires dont il subsiste trois modèles dont un exposé au Science Museum de Londres.

En mai 1904, Charles Rolls à 27 ans, richissime membre de l’aristocratie anglaise, ingénieur en mécanique et en science appliquée de l’Université de Cambridge, pilote pionnier du sport automobile, et important importateur d’automobile d’Europe (Peugeot, Panhard, etc.)

Déçu par le faible niveau technique des voitures d’alors, il daigne rencontrer sans optimisme Henri Royce alors âgé de 41 ans, dont tout le monde parle.

Il est emballé par les essais de cette Royce 10 HP et en décembre 1904 Rolls et Royce s’associent et fusionnent leurs entreprises en Rolls-Royce qui se fait immédiatement une réputation fantastique auprès des clients d’automobiles d’élite.

La Royce 10 HP devient alors la Royce Rolls 10 HP et est le premier modèle commercialisé par la marque.

Voici, donc, comment cette modeste Decauville est à l’origine d’une des marque les plus prestigieuse de l’histoire de l’automobile.

1904, la firme DECAUVILLE dota ses modèles de moteurs à quatre cylindres, Puis elle se tourna vers des voitures de plus grosse cylindrée, trop traditionnelles, ce qui entraînât le lent déclin de la marque.
La production des Voitures Automobiles Decauville prit fin en 1911.

Pour ce qui est des miniatures, nous avons déjà vu que la marque Safir a produit la voiturelle. La carrosserie et le chassis sont en métal et les accessoire sont en plastique. Et elle est estampillée "Made in France"

Le moule fut repris par le constructeur espagnole Guisval qui mit ce modèle à son catalogue mais le produisit totalement en plastique. Et elle est logiquement marquée "Made in Spain"

Dans sa série Nugget Mini Models, La firme KMC la produisit également en plastique. Cette fois-ci, c’est du "Made in Hong-Kong"

Et last but not least, la firme Allemande Gama la mit également à son catalogue, mais avec un moule différent. L’avant est totalement différent et la différence de taille des roues avant et arrière est plus accentuée. Elle est en métal et "Made in Germany"

J’espère que ce voyage en miniature au début de l’ère de l’automobile vous aura plus. Et si vous connaissez d’autres miniatures Decauville, faites-le nous savoir.