Edmond Pery : ligne incomparable pour Auto-Union !

Dimitri Haulet, Philippe Haulet    2021-12-24 11:32:22   

Une vie d’aventures et de passion pour l’automobile. (PART-6)


1955 - Rue du Laveu et enseignement.

Mon père a fait construire une petite maison rue du Laveu, avec un garage. Je rentre chez nous et lui annonce que je m’installe comme garagiste. A 24 ans, je vais être mon propre maître. Mon père est fâché... « Essaye plutôt d’entrer à l’Administration ». Je m’inscris donc à l’école normale. Ce sont des cours du soir, psychologie, méthodologie, langue française, etc…, les cours n’ont lieu que deux fois par semaine, je les suis pour devenir éducateur.

A 25 ans je suis professeur et j’ai 2 élèves !

J’ai presque toujours le même voisin, M. Deleur. En privé, il m’apprend que son but est d’obtenir un poste d’enseignant à l’école de peinture de la ville de Liège, cours de décoration. Je lui parle de ma passion pour la mécanique et la carrosserie. Sa réponse m’enchante : « L’école de peinture de la ville va déménager. Elle ouvre une section ‘carrosserie et peinture’ et recherche un carrossier ». Je m’y présente, rencontre le directeur M. Lemaire, lui montre mon C.V. Je précise avoir construit personnellement une voiture et être "le spécialiste de la soudure". Je suis engagé immédiatement comme professeur temporaire. Je dispose de temps libre que je consacre à mon entreprise de clés.

Une Auto-Union avec une ligne incomparable sort du garage !

J’ai 25 ans et je commence ma carrière de professeur avec seulement deux élèves !! Je suis très occupé, professeur le jour, deux soirées à l’école normale et les autres soirs, commerce de clés pour voitures et appartements. Ma deuxième année d’enseignant sera beaucoup plus facile avec une classe de sept élèves et l’expérience de la première. Le directeur me propose aussi les cours du soir de soudure. J’accepte. Je suis très occupé, ce qui ne m’empêche pas de construire dans mon garage, la voiture ‘Auto-Union’ avec un petit moteur 1000 cm³. Cette voiture fait un grand effet, elle a une ligne incomparable sur le marché de l’automobile et elle sera immatriculée en 1957.

Auto Union

Comme professeur, je jouis donc de congés et de très grandes vacances. Cette Auto-Union me permet de partir en voyage en Italie et là, je me présente chez des carrossiers pour y travailler quelque temps. J’ai la chance de prester plusieurs jours chez Vignale et chez Alemano en 1957.

Quatre jours avant le décès de son créateur... 

C’était la première présentation officielle de l’Auto-Union "Casino Pery" après sa restauration : une des premières carrosseries d’Edmond Pery, alors professeur de carrosserie à Liège, sur le châssis et la mécanique 3 cylindres 2 temps d’une Auto-Union. Cette voiture aux performances modestes a notamment été utilisée par Edmond pour emmener son épouse en voyage de noces à Paris. Elle est longtemps restée dans un entrepôt et un passionné d’aval a mis cinq ans à convaincre Pery de la lui vendre. C’est une voiture unique, historique grâce à la carrière de son créateur. Cette présentation a précédé de quatre jours le décès d’Edmond Pery : a-t-il eu le temps d’apprendre que sa création avait été mise à l’honneur ?

Les années passent. En plus de mes fonctions de professeur, je suis parfois surveillant dans la cour de récréation. Il faut se rappeler ces années, l’époque des ‘blousons noirs’. Ces garçons de 15 à 17 ans se bagarrent. Je dois intervenir régulièrement, souvent durement et j’ai la réputation de ‘faire mal’ aux élèves.

Cette affaire arrive aux oreilles du directeur qui me licencie. Quand mon père l’apprend, il se rend à l’échevinat et signale que ce licenciement est illégal car il n’y a pas eu de remontrance. Quinze jours plus tard, je réoccupe mon poste. Par vengeance, le directeur, M. Lemaire, me donne des cours supplémentaires dans des classes mixtes. Je suis ainsi occupé presque tous les jours avec, en classe, quelques jolies filles. Sachant que mon poste d’enseignant est provisoire, je propose parfois aux élèves de choisir entre le travail ou la danse… à Tilff, dans un dancing qui s’appelle El Paraizo, à une dizaine de kilomètres de l’école. Plusieurs élèves ont déjà 18 ans, disposent de voitures et en un quart d’heure, nous passons de la classe au dancing pour l’après-midi. Mais j’organise aussi des activités scolaires intéressantes, des visites d’entreprises, notamment chez "Vanhool" où deux mille ouvriers fabriquent des autocars.

Chaque année, à Liège, se tient la foire des 3 M. Les écoles techniques y exposent leur savoir-faire. Fabriqué par nos élèves, un prototype de design américain est présenté.

Maquette en tôle.
Maquette en tôle.

Il nous permet un bon canular auprès de l’enseignement technique... J’annonce au directeur avoir un contact avec Karmann (qui travaille avec Volkswagen ) concernant notre prototype. Karmann souhaite reprendre le projet.
Leur question : paiement en royalties ou cash ? Cette affaire révolutionne l’échevinat car aucun cadre légal ne prévoit cette opération. Elle traîne et se termine sans suite, par une grande déception !

A LIRE AUSSI sur Automag.be... 

Part 1 : Edmond Pery, mon enfance dans le quartier du Laveu
Part 2 : Edmond Pery, l’Amilcar et la première aventure automobile
Part 3 : Edmond Pery, les débuts dans le monde du travail
Part 4 : Edmond Pery, le service militaire
Part 5 : Edmond Pery, Brasserie Piedboeuf

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.