Espagne Rallye d’Hivern. Victoire dans la neige en Catalogne !

2008-01-21 16:32:20
15 décembre 2OO7, le soleil brille sur Salt. On annonce de la neige à 4OO mètres d’altitude !
Quel plaisir de retrouver Salt ! La ville est belle, catalane jusqu’au bout des doigts, à peine complexée par sa grande sœur Barcelone qui en impose à quelques encablures seulement de là…
C’est d’ici qu’ Alex Romani organise son sixième rallye d’hivern, une des deux épreuves avec le « Costa Brava » qu’il dirige dans la digne lignée de l’ancien rallye de Catalogne. Malheureusement, malgré son nom, cette compétition s’est avérée très peu hivernale ces dernière années. Les prières d’Alex, les nombreux cierges qu’il n’a certainement pas manqué de brûler dans toutes les cathédrale d’Espagne, n’y ont rien fait, son rallye est resté désespérément sec jusqu’à présent ; à peine un peu de verglas de ci delà mais jamais vraiment rien de sérieux, de la misère à côté de l’autre grand rallye hivernal, le fameux Monte Carlo !
Cette fois encore quand nous débarquons de l’avion le ciel est bleu sur Girone, il fait treize degrés, une légère brise quasi printanière rafraîchit l’air… pourtant, un journal abandonné sur un siège dans l’aéroport annonce une neige importante au dessus de 4OO mètres d’altitude… est-ce possible, sommes nous enfin la bonne année ?
IIO voitures au départ !
Rêve de tout organisateur, il y a plus de IIO voitures au départ, toutes les unes plus belles et plus impressionnantes que les autres. Une quinzaine de Porsche 911, des 356, des Alfa Roméo de toutes sortes , des Lancia, des Ford Escort, des minis , évidemment des Seat en pagaille et…une superbe VOLVO PV 544 complètement perdue dans cette troupe !
Les meilleurs équipages espagnols se sont réunis pour cette fête, ils n’ont évidemment aucune intention de se laisser faire sur leurs terres par les Laloge, Fiorito, Lareppe, Collignon et autres étrangers venus les défier.

N’oublions pas non plus les motos. Alex veut respecter cette tradition, les motos sont acceptées au départ, par équipe de deux pour des questions de sécurité. Dans cette catégorie, ce sont les Montesa qui dominent largement, elles devront parcourir exactement le même itinéraire que les voitures, ce qui, nous le verrons, tiendra cette fois de l’héroïsme pur !
Après une briefing rondement mené en Espagnol et en Français, les voitures sont lâchées d’un impressionnant podium bleu et jaune, d’abord de minute en minute, puis de trente secondes en trente secondes.
C’est l’heure espagnole, le rallye démarre à 13 heures devant des centaines de spectateurs !
La Porsche Automag est descendue de France par la route avec Michel Ferran et Adrien. Elle est équipée de ses seuls pneus Michelin Alpin non cloutés, elle a écopé d’un numéro 57 qui la positionne hélas loin dans le peloton. Heureusement, profitant d’un désistement de dernière minute, nous partons finalement en huitième position en gardant notre numéro. Cela s’avèrera capital pour la réussite de notre rallye car les journaux ne se trompaient pas, la neige va tomber en abondance.
Lancé dans la circulation de tous les jours, cela démarre plein tube. Il ne faut pas traîner sur le routier, c’est le bon rythme, les spéciales se suivent plus belle les unes que les autres. A ce train là, à quinze heures, nous avons déjà parcouru IOO kms de spéciales secrètes dont une pure merveille de 72 kms à CAPSACOSTA.
Avant que le nuit ne tombe les conditions climatiques sont encore bonnes mais de gros nuages s’accrochent aux Pyrénées vers lesquelles nous nous dirigeons…
L’ambiance est bonne dans la Porsche, elle tourne comme une horloge, bondit de virage en virage, comme une digne Walkyrie de Stuttgart !
La tenue de route de cette voiture est très typique du modèle, le train avant saute volontiers en gardant cependant un cap relatif, le volant renvoie par saccades les ondulations de la route, la boite G915, superbe quand on la connaît, doit être manipulée « virilement » si l’on veut éviter de sinistres craquements. La direction est non assistée, elle impose une bonne musculation au pilote sans parler des freins sans servo qui sont très efficaces mais demandent un pied droit aussi lourd que subtil …

Bien sûr, le train avant est délicat mais c’est derrière que tout se passe, le boxer six cylindres en alliage, super léger, monté en porte à faux avec un centre de gravité très bas, permet toutes les folies de IOOO à 7OOO tours. Il a du couple, de la puissance et émet avec un indéniable plaisir sa divine musique sans jamais se plaindre ni renâcler à la tâche. Dans les situations les plus scabreuses, c’est à lui qu’il faut faire appel pour rester sur la route, la seule pédale à éviter alors est celle du milieu…plus facile à dire qu’à faire évidemment !
La nuit tombe avec les premières neiges sur les Pyrénées.
Nous rentrons en France par PRATS DE MOLLO à plus de I.OOO mètres d’altitude en pleine Pyrénées. La neige a commencé à tomber en paquet, d’abord fondante puis lourde et gelée….

Du côté français, les routes sont plus étroites, finalement l’adhérence, toute relative quand la neige tient devient très aléatoire lorsque la glace se glisse par dessous sans prévenir. Dans ces moments là, il est bien difficile, surtout en descente, d’éviter les glissades du train avant. Nous nous laissons d’ailleurs surprendre en allant une fois au « contact » avec un rocher, seul un phare anti-brouillard y laissera la vie, il y des moments où l’on sait à quoi servent les prières préventives !
C’est déjà infernal pour nous mais pour les motards, c’est la galère… Dans la descente d’un col enneigé nous en voyons un tomber devant nous, son copain s’arrête pour l’aider, ils nous font signe de passer, nous en sommes presque gênés d’avoir ce fifrelin de chauffage dans la Porsche !
Evidemment, dans ces conditions, le rallye devient vraiment impossible pour eux. Pour nous, cela va encore mais, derrière pour les autres , c’est la Bérézina, la moindre incartade d’un concurrent en bloque une flopée…c’est là qu’on comprend l’avantage de partir devant.
Nous menons notre course comme nous pouvons, mais nous avons l’impression de très mal rouler ; en réalité, de glissades en glissades, nous sommes en train de gagner le rallye…sans nous en rendre compte.
Dans ce monde tout blanc Fiorito rate une note, José Lareppe prend une pénalité routière après une altercation un peu nerveuse avec des policiers en voiture banalisée, d’autres sortent de la route, d’autres enfin limitent les dégâts en se disant « terminer dans ces conditions, c’est déjà pas mal ! »…
Une étape, bloquée par un accident est annulée, heureusement l’itinéraire est immédiatement adapté par l’organisateur très rôdé à ce genre de problèmes. Alors que d’autres rallyes se serait enlisé définitivement, ici pas de problèmes ; les décisions sont très vite prises par des commissaires responsables en contacts permanents par radio ou GSM.
Après être passé à Banyuls où nous confondons la mer déchaînée sur la plage avec un torrent de montagne, nous repartons vers l’Espagne sous les trompes d’eau, là haut, cela neige encore ! Malgré toute cette folie, le rallye respecte son horaire, en tous cas pour les premiers. Toutes les moyennes élevées sont maintenues et cela marche, même si c’est un peu fou, même si on accumule les pénalités.
Il est 2 heures et demi du matin lorsque nous regagnons Salt, à part Fiorito, légèrement attardé, les meilleurs sont là ; les grands enfants ne parlent que de glissades les yeux brillant de plaisir : « ah, ça c’est du rallye ! ».
La dernière spéciale de SAN GREGORI a été simplement dantesque, du verglas pur pendant 21 kilomètres en montagne, c’est là que nous regrettons de ne pas avoir de clous, ce n’est plus du pilotage, c’est de l’équilibre funambulesque !
Pour nous, c’est fini, mais pour les autres, cela sera plus difficile ; la montagne enneigée crachera ses voitures jusqu’à plus de quatre heures du matin, ne parlons pas des motards dont certains ont même été jusqu’à descendre les cols à pieds à côté de leurs machines totalement impossibles à piloter dans ces conditions !
Dimanche 16 décembre. Nous sommes en tête mais il y encore de la neige ! La Porsche Automag finit par s’imposer.
Tiens, Carlo Fiorito monte ses pneus cloutés !
-« Tu es en tête ! » lui, sait déjà…il sait toujours tout, Carlo est un homme intelligent et curieux.
Nous espérions être classés dans le top dix mais premier avec une minute trente d’avance sur le second, on n’y croyait vraiment pas ! Pourtant c’est ainsi, il faut croire que malgré nos impressions, nous avons été meilleurs que nous n’avions cru.
Le seul, inconvénient du système c’est que nous avons maintenant la pression, il faut garder les autres à distance. La Porsche 911 S des expérimentés Espagnols SAGLI nous suit à plus d’une minute devançant elle-même Lareppe-Lambert, les autres Belges de la course.
En principe, cela ne doit pas poser problème mais les trois dernière étapes sont annoncées très difficiles alors que nous pensions que tout était fini après cette nuit d’enfer.
Un papier de l’organisateur circule : première spéciale SANT PERE uniquement de glace, seconde spéciale OSOR à éviter pour ceux qui ne jouent pas le classement car trop enneigée, la dernière enfin CANDELS , très verglacée dans la longue descente !
De nouveau , c’est les pneus clous qui vont manquer…mais nous n’avons pas le choix, il faudra limiter les dégâts.
Finalement, tout se passe bien malgré tout, c’est surtout dans la longue spéciale sur neige d’OZOR que nous devons être le plus attentifs. Nous savons que nous avons une bonne avance mais il ne faut pas se faire remonter à nouveau sur le fil… tout en roulant vite et en restant sur la route !
A ce petit jeu, dans la fameuse spéciale d’Ozor, nous prenons 82 secondes de retard mais nous avons la sensation d’avoir bien roulé malgré tout, en rattrapant d’ailleurs deux voitures parties devant nous, cette impression se confirmera par la suite.
En effet, les vedettes locales SAGLI-SAGLI et leur Porsche 911 à la bourre maximum ne nous reprennent qu’une trentaine de secondes et parviennent ainsi, pieds au plancher, à garder José Lareppe et Joseph Lambert à 5O secondes derrière eux.
A la fin de CANDELS, une dernière petite glisse et c’est fini, nous avons gagné un rallye dont la presse dira en Catalan « MES DUR IMPOSSIBLE ! », en Castillan « MAS DURO IMPOSIBLE » en Français « PLUS DUR IMPOSSIBLE » ; dans ces conditions, dire que cette victoire ne nous fait pas plaisir serait bouder notre grand plaisir !
José Lareppe gagne le challenge Européen des pilotes, Adrien Felot remporte celui des équipiers. Sur la neige, les Porsches dominent.
Comme nous l’avions espéré dans le dernier article automag, le but est atteint, nos deux Belges sont sur la première marche du podium aussi bien en pilote qu’en équipier.
José Lareppe et Adrien Felot méritent bien ce succès. Pour Adrien il est arraché à la dernière minute car l’ami Joseph Lambert termine second et il y a tout lieu de croire que les positions auraient été inversées si nous n’avions pas gagné en Catalogne…
Dans ce rallye sur neige, ces diablesses de Porsche ont dominé puisqu’on en retrouve pas moins de neuf dans les douze premières, cela n’est certainement pas l’effet du hasard.
L’année se termine ainsi en apothéose et déjà janvier pointe son nez…
Cette année nous ferons l’impasse avec Georges Chalsèche sur le Monte Carlo pour choisir des aventures différentes nous serons donc avec Adrien au « Costa Brava », un autre rallye très sportif même si la « terre »des premières années en est maintenant quasi absente.
Vivement février donc !
Raymond Collignon.
Classement :
- 1) COLLIGNON-FELOT PORSCHE 9II Carrera
- 2) SAGI- SAGI PORSCHE 9II S.
- 3) LAREPPE-LAMBERT OPEL ASCONA
Classement complet : www.rallyclassics.org
Vos commentaires
# Le 23 janvier 2008 à 15:21, par Leonaldo En réponse à : Espagne Rallye d’Hivern. Victoire dans la neige en Catalogne !
Bravo, Raymond !!!
Leonaldo
# Le 22 février 2008 à 18:58, par alain patrice. La Vie de l’Auto En réponse à : Espagne Rallye d’Hivern. Victoire dans la neige en Catalogne !
Raymond est il possible de "récuperer " la photo de notre table lors du repas de cloture avec la Miss et les coupes ?
Amicalement
Alain