La naissance d’un art de vivre ...

Guy Gysemberg    2016-05-23 23:06:14   


Qui n’a pas un souvenir à raconter, sur cette mythique petite voiture ? Mais comment tout cela a-t-il commencé ? Voici l’histoire de ces débuts pleins de rebondissements, de la naissance de l’idée à la production en série du premier modèle. Nous y croiserons de grands noms de la marque aux chevrons. Bons nombres de miniatures permettent d’illustrer cette histoire.

Une 2cv A et les 4 prototypes rescapés
Guy Gysemberg

Les prémices

Tout commence en 1935, lorsque Pierre Michelin , ayant pris la succession d’ André Citroën à la tête des usines Citroën, pose le problème du TPV (Tout Petit Véhicule) :

« Une voiture de 5000 francs capable de transporter 4 personnes à 70-80 km/h en palier sans consommer plus de 5 litres. »

En 1936, un premier prototype est créé pour tester en secret la suspension. Il sera amputé de l’arrière et aura l’avant modifié.

Mais le 29/12/1937 Pierre Michelin meurt dans un accident de la route.

TPV "pick-up" 1936 - Norev 1/43
Guy Gysemberg

Nous pouvons encore aujourd’hui admirer ce prototype. En effet, le directeur du musée de la Rochetaillée, Henri Malartre, alors ferrailleur, acheta en 1946 aux usines Michelin qui voulaient envoyer à la casse un lot de vielles ferrailles. Il y trouva le prototype 2cv « pick-up » et le restaura. Il est depuis exposé dans son musée.

Les vrais débuts

C’est alors Pierre Boulanger qui devient président de Citroën. Il reprend alors le projet du TPV et en fera l’œuvre de sa vie. Il charge le département « enquêtes sur route » d’interroger 10.000 usagers à travers toutes la France. Sur cette base, il établira le cahier des charges du TPV :

« Faire une voiture pouvant transporter 4 personnes et 50 kilos de pommes de terre ou un tonnelet, à la vitesse de 60 km/h, pour une consommation de 3 litres aux cent, un faible coût d’entretien et un prix de vente du tiers de celui de la traction. » Et il ajoute : « Transporter à travers champs un panier d’œufs sans les casser. »

Il met en place une équipe dirigée par l’ingénieur André Lefèbvre, déjà créateur de la Traction Avant. C’est Flaminio Bertoni, qui créera la forme du TPV. Cette équipe choc, qui travaille en toute liberté, fourmille d’idées les plus surprenantes les unes que les autres. Ils penseront à une carosserie en toile cirée, une autre en papier, un chassis en bois encollé, un autre creux servant de réservoir d’essence, des ailles phosphorescantes… Quarante-neuf prototypes successifs.

Tout ceci sous le contrôle de Pierre Boulanger, qui vint un jour essayer un prototype en pardessus et chapeau et annonça à l’équipe : « Si le chapeau tombe, le projet tombe. » Mais heureusement le chapeau tint bon.

Les essais

En 1939, trois prototypes de 2cv sont essayés secrètement de jour comme de nuit. Pierre TERRASSON, pilote d’essai chez Citroën réalise des essais à la Ferté-Vidame. D’où le nom de prototype "Terrasson" qui constitue la dernière ébauche de la 2cv.

Pierre Boulanger à formellement interdit de prendre des photos, mais un jeune essayeur, ne tenant plus, en prend une à la sauvette, que l’on retrouvera 50 ans plus tard, ce qui nous permet aujourd’hui de savoir à quoi ressemblait ce véhicule et de l’avoir en miniature dans nos vitrines.

TPV "Terasson" 1939 - Norev 1/43
Guy Gysemberg

Tentative avortée

Le 1er septembre 1939, 250 exemplaires ont été produits, pour le salon de 1939. Mais ce jour-là, c’est la mobilisation générale et deux jours plus tard la guerre. La 2cv, ce sera désormais son nom, devra attendre. Les 250 voitures, à l’exception de 4 seront détruites.

Ces caractéristiques étaient les suivantes :
Moteur bicylindre de 325cc développant 8ch à 3200t/mn
390 x 145 et 155 de haut
250 ex produits dont 246 détruits.
Aucun élément d’amortissement.
Anticabreurs assurant le blocage de la suspension au freinage par verrouillage hydraulique.
Puissance fiscale : 2cv

2cv 1939 - Norev 1/43
Guy Gysemberg

Mais que reste-t-il de cette première production en série ?
Un prototype reconstitué en 1970 sous l’initiative de Jacques Wolgensinger, directeur des relations extérieures chez Citroën, à l’aide de pièces d’origine conservées précieusement en caisses à La Ferté-Vidame, par Henri Loridant, responsable des essais. Et ce malgré l’ordre formel donné par Pierre Boulanger en 1948 de détruire tous les prototypes.

En 1994 trois autres TPV ont été retrouvées dans un grenier de la Ferté-Vidame où elles furent cachées en 1939. Avec la précédente, elles représentent les 4 seules rescapées des 250 voitures de 1939.

C’est seulement en 1998 pour les 50 ans de la 2 CV que ces trois reliques sont présentées au public (Rétromobile à Paris). Il n’est pas prévu de les restaurer, elles sont conservées en l’état par le Conservatoire Citroën.

Quel deuchiste n’a pas rêvé de faire ce genre de découverte ???

Pendant La guerre

Contre vents et marées, le bureau d’étude continue à développer la 2cv et réalise un prototype à phare unique et central, d’où son nom : Cyclope . Pierre Boulanger voulait peu d’éléments de carrosserie en tôle emboutie, sur ce modèle de 1942 il y en a donc très peu et les formes utilisent beaucoup d’angles vifs.

2cv "Cyclope" 1942 - Norev 1/43
Guy Gysemberg

Le "Cyclope" a aussi un moteur Flat twin de 375 cm3 à refroidissement à air dont la puissance était de 9 ch et une boite à 3 vitesses. Son poids était de 450 kg pour une vitesse maxi de 70 km/h.

Les grands débuts

Et le grand jour arriva. La 2cv est présentée au salon de Paris en 1948. 1.300.000 visiteurs viennent admirer les 3 exemplaires exposés. Ils feront même la queue pour pouvoir s’y asseoir.

2cv A 1948 - Vitesse 1/43
Guy Gysemberg

Maintenant, vous en savez autant que moi sur les débuts de la 2cv, qui selon certains, n’est pas une voiture mais un art de vivre …

Guy GYSEMBERG

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