Le Critérium des Frontières, de vraies petites routes de rallye.
2006-01-14 13:37:00
Dans le baquet de droite ...
Critérium des Frontières - 12 novembre 2005.
C’est avec plaisir que nous retrouvions pour la 4è fois nos amis du Lys Racing Team, organisateurs du Critérium des Frontières à Comines Warneton, le samedi 12 novembre. Depuis la première édition, où quelques plâtres bien légitimes avaient dû être essuyés, nous sommes reçus comme des rois. La région se prête très bien à ce genre d’exercice et une fois de plus, nous allions être gâtés.
C’est çà aussi le rallye !
Mais commençons par le début. Comme vous le savez déjà, j’épaulais Jean-Pol Hontoir, de retour avec sa magnifique Alpine A110 1600S, voiture idéale pour les routes extrêmement sinueuses de la région. Warneton se situant à +/- 200 km de chez nous, nous décidons de partir dès le vendredi après-midi et de dormir dans le motor-home de Jean-Pol.
Voyage sans histoire jusque Menin, où nous nous sommes emberlificotés dans le centre ville en travaux. Vu la longueur du convoi et la circulation du vendredi soir, je ne vous dis par le stress. C’est vers 18h30 que nous arrivâmes enfin à Warneton pour notre installation entre le home et l’église, endroit bien calme.
Mais, avant qu’il ne fasse nuit noire (oui je sais, c’est un autre rallye), vite à l’étalonnage de notre nouvel appareil de mesure : le Brantz Pro 2, à affichage digital. Autorisé depuis cette année, il permet de mieux voir les chiffres, mais surtout, le digital remplace le mécanique (rétro trip) et n’est donc plus sujet à dérèglement. L’assimilation des nouvelles fonctions se fit en douceur et ne posa pas problème.
Après un léger repas du soir arrosé d’une excellente bière locale blonde, la "Queue de Charrette", pourquoi ne pas aller saluer les copains du coin et prendre un dernier pot. Aie, aie, aie, quelle bêtise. Heureusement que notre couchage n’était pas loin (100m), car je dois vous avouer que j’en tenais une solide. La fatigue aidant, je n’ai rien vu venir. Mais il faut dire que le président Jacques Samyn, Francis Soete et Pierre Vercruyse, les G.O du lendemain, sont de joyeux lurons. Refrain maintenant bien connu : "c’est çà aussi le rallye".
Samedi matin, ce n’étaient pas les cloches du curé qui m’ont réveillé, mais celles que j’avais dans le crâne. Maman, bobo. De l’air... Une tasse de café remit déjà quelques idées en place. Au contrôle des documents, des sourires pleins de sous-entendus de la part des organisateurs qui n’hésitèrent pas à en remettre une couche. J’ai préféré me consacrer à ma "reconstruction" en enfilant café sur café. Ne vous tracassez pas, cela va aller.
12 équipages en Expert et 21 en Classic avaient fait le déplacement. Les habitués étaient là, mais également pas mal de Français, venus en voisins avec des voitures sortant du commun. Au fait, qui peut me dire quel est le nom de cette voiture n° 35 ? Profitez-en pour les visionner propres et clinquantes, car au retour, elles étaient comme dans une cure de thalasso, crottées de boue.
Les organisateurs nous avaient prévenus : 300 km et pas moins de 39 contrôles horaires. Faites la moyenne du kilométrage entre 2 CH et vous verrez que la moindre erreur était à proscrire.
11h29, départ avec le n° 29. La belle Alpine jaune en jettait tellement, que le speaker, Jacquot Samyn, n’hésita pas à revenir sur notre guindaille. Gare à lui. Bon soyons sérieux maintenant.
1ère étape Warneton-Warneton, 10 CH, 3 RT et 90km.
Liaison facile jusqu’au CH2, le temps de sortir de l’agglomération et du... pays. La France nous voici. Déjà le 1er RT dans la région de Quesnoy. Départ en carte, suivait un fléché non métré et fin en carte (ce sera le programme très varié de toute la journée). RAS à bord. Jean-Pol retrouva vite ses sensations sur des routes extrêmement grasses, nous gratifiant de ci, de là de freinages ultra tardifs et de demi-tour surprenants. Il faut dire que pas mal de petites routes à prendre étaient cachées souvent entre deux maisons ou haies. Pas de problème, freinage, enclenchement de la 1ère et coup de gaz. La Berlinette pivote toute seule. La fin de l’ RT en carte fit déjà des dégâts. Nombre de concurrents confondirent le début et la fin de carte. Bonjour le ballon.
Pour aborder les RT 2/3, il fallait être bien éveillé. Jugez par vous-même Depuis le départ et jusqu’au signe 124, moyenne à respecter 42,44km/h, avec prise du temps entre le km 5,5 et le km 10 ; du signe 124 à fin d’ RT, moyenne 39,11 km/h, avec prise de temps entre le km 12 et le km 15. Bof, la routine. En fin d’ RT, montée du célèbre Kemmel, côté pavés, bien gras. Plein de monde au sommet. Juste ce qu’il fallait à Jean-Pol pour en rajouter : 1ère et gaz à fond. La grimpette se fit tout en travers, avec le délire parmi les spectateurs.
Au retour à Warneton, nous n’étions plus que 2 sans pénalités : Munda-Gully, 2ès avec 32,92 points et Hontoir-Pigeolet, 1ers avec 17,90 points. La conjugaison entre le "vieux" renard qu’est Roger Munda, dit Mémé, et la jeunesse d’Eddy Gully est redoutable. Ajoutez la Cox super préparée, voilà une équation parfaite. J’ai la chance d’avoir à ma gauche un excellent pilote, confiance totale, ainsi qu’une voiture taillée pour ce genre d’exercice que sont les rallyes de régularité. Heureusement, car le mal de crâne me fera faire une ou deux petites erreurs, rattrapées de main de maître.
Pause bienvenue à Warneton : 13h30, les estomacs à sec. Les commentaires allaient bon train : excellent parcours, bien rythmé, route très grasses.
L’Alpine jaune joue les tracteurs !
Après un excellent repas chaud, départ vers le plus gros morceau : 130 km, 2 RT et 17 CH dans la région d’ Heuvelland et des monts des Flandres françaises (le fameux Mont des Cats et ses petites routes et ruelles). La belle jaune est devenue jaune sale et pour cause. Dans un tronçon annoncé boueux et probablement bloqué par un chargement de betteraves, dans un "quitter gauche", un gros transporteur nous brûla la politesse pour entrer dans une petite route, très étroite. Roulant au pas d’homme, le camionneur ne voulait manifestement pas nous laisser passer. Petite ligne droite et question de Jean-Pol : "il y a des fils là à droite ?" "Heu, non". Aussitôt dit, aussitôt fait : coup de volant à droite. L’Alpine bondit dans le champ, joua au tracteur pendant une cinquantaine de mètres et rebondit sur la route, devant les yeux médusés du transporteur. Nous en rions encore, du bon tour joué. 200 mètres plus loin, nous passerons sous une grue, chargeant un autre convoi, avec la complicité du fermier du coin, bien marri. Toujours RAS à bord : pas de pénalités sur le routier, les 2 RT sont bons, malgré la difficulté de l’ RT 5.
Je vous l’explique, rien que pour le plaisir :
– prise de temps entre le km 3 et le km 7
– du start jusqu’au signe n° 207 : moyenne horaire de 44,44 km/h (fléché non métré)
– entre signe 207 et 208, carte tracée : moyenne horaire de 30,00 km/h
– à partir du signe 208, fin de carte : moyenne horaire de 44,44 km/h (fléché non métré).
Il est évident qu’il est interdit de se perdre, sous peine de sanction immédiate. Mais ne croyez pas que cela soit si difficile, avec un peu d’habitude on s’y fait.
Vers 18h00, break bienvenu dans la région de Dranouter. La nuit déjà bien installée, nous sentions que tout pouvait encore arriver. Au classement, nous tenions toujours la tête, devant... eh, oui, Munda-Gully. Cependant, nous avons loupé un CP placé à gauche, mais les organisateurs nous avaient prévenus au départ. Roger et Eddy ne se sont pas laissés prendre (le vieux renard), mais ont "jardiné" un peu dans l’ RT 5. 108 à 140 et la balle au milieu. Derrière, les écarts étaient un peu plus importants : 3è D’Hoe-Zwartele, 4è Daniel et Yannick Albert.
Pour le dernier tronçon de 87 km, 12 CH et le dernier RT : il faisait nuit noire.
Directement remis dans le bain par le départ de l’RT 6, tout en fléché non métré, nous rations un "quitter droit" dans un petit chemin, caché entre deux hautes haies. Viiiite demi-tour en toupie, "T à droite", zut c’est un cul de sac, marche arrière et rezut, la prise de temps est là. Les contrôleurs, bien cachés, attendaient notre passage dans le bon sens. Mauvais pour le temps : 13" de retard. Vu le faible écart avec le 2è !!!
Bon, re-concentration et gaffe au CP. De fléchés non métrés en cartes tracées, nous visitâmes encore largement la France par Bailleul, le Nouveau Monde, Le Grand Mortier, Neuve Eglise, Le Romarin, La Mélune. Rien que des noms qui sentent bon la France.
Entre le CH 33 (Nieuwkerke) et le CH 34 (Neuve Eglise), dans un "quitter droit" en devers, nous perdons l’équipage Expert Vanderlooy-Vandevorst, qui a glissé dans un wateringue. Malgré les efforts de Devos-Van Dolder sur MGB GT, impossible de les en sortir. Il fallut le 4x4 de l’organisation. Dommage pour eux, mais fort heureusement, pas de dégâts à la voiture (Alfa 2000 GTV).
La fin du rallye se fait sentir, la fatigue aussi. Le brouillard est apparu en quelques endroits, mais le temps est sec.
Avant-dernier secteur, CH 36 à CH 37, avant le retour à Warneton. Je vous l’ai déjà dit, comme en tennis, un rallye n’est jamais fini, la ligne d’arrivée franchie. Dans le village de La Melune, à 500 mètres du contrôle horaire, une place remplie d’îlots directionnels, il restait 4 signes : "Y à droite", "Quitter à gauche", "Eviter 2x 1 droite". A la sortie de la place, inquiétude, cela correspondait, mais pas tout à fait. Hésitation, puis demi-tour. Retour sur la place pour tout reprendre et ce fichu chrono qui n’arrête pas de tourner.
1er îlot, mais bon sang, mais c’est bien sûr (de qui est cette réplique célèbre) : c’est un sens giratoire, donc interdit de prendre à gauche, donc pas de signe. En bref, il fallait prendre à droite au 2è îlot et non à gauche comme nous l’avions fait la première fois. Vous pensez bien, que pendant ce temps, le chrono s’était fait la malle avec nos secondes. Malgré une traversée "rapide" du patelin : 1’ en retard pour 7" en dehors de notre temps. Ha lala, c’est la course.
Retour à Warneton, un peu dépités, mais néanmoins contents de notre rallye. Surtout Jean-Pol, qui a tenu le coup, épargné par ses ennuis de santé.
Pour plus de facilité, la voiture était replacée directement sur le plateau. Malgré le froid, le "grand avec une chaussure noire" se mit torse nu pour accrocher l’ A110, crottée de boue jusqu’au toit.
A notre arrivée au local du Lys Racing Team, presque tous les concurrents étaient déjà rentrés et pas mal de regards souriants convergeaient vers moi. Suis-je sale, mal coiffé, noir de saleté. A ma question "qu’y a-t’ il ? Réponse : elle est belle ta photo. Les organisateurs avaient agrandi la photo du départ, mais avaient ajouté une bulle, comme dans une B.D : "Mais Daniel !!! Qu’avais-tu bu hier soir pour être dans cet état ??? " Vous comprenez aisément le pourquoi de ces sourires narquois. C’est çà aussi le rallye !
Après un excellent repas bien réparateur et après avoir attendu vainement le président Jacques Samyn, dit Jacquot" (je pense qu’il devait encore cuver du vendredi soir. Pas vrai Jacquot ???), l’affichage des résultats nous annonçait vainqueur sur le fil devant notre Mémé national.
Dans la dernière étape, nous avions pris une minute de pénalité, mais l’équipage Munda-Gully ratait un contrôle de passage. Les jeux étaient faits, et une victoire en plus dans la poche et peut-être une des plus belles. Signalons le faux pas de Eddy D’Hoe et Tommy Swartele qui rataient le dernier RT et se faisaient souffler la 3è place par la famille Albert. Encore un jeune Yannick, qui pousse fort derrière.
Maintenant place aux félicitations à l’équipe du Lys Racing Team. Ce fut, pour moi, le plus beau rallye de l’année. A part une petite erreur d’appréciation dans un carrefour, le road-book était impeccable, le timing parfait et que dire du parcours et de son découpage. Vivement l’année prochaine, je me délecte déjà de ces petites routes grasses et sinueuses à souhait. Les organisateurs ont promis de penser aux novices et à ceux qui veulent tâter gentiment de la régularité. Alors notez déjà la date pour 2006 : le 28 octobre.
Voilà, vous savez tout, du moins je pense. Nous passerons encore la nuit à Warneton, pour rentrer en toute sécurité le dimanche matin.
Bonne route et à bientôt.
Daniel Pigeolet
Dans le baquet de droite... Daniel nous a raconté en 2005 :
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