Jean-Pierre Amand, la voix du rallye.

Dimitri Haulet, Philippe Haulet    2013-03-10 16:21:07   

La voix caractéristique de M. Amand est connue de tout qui a fréquenté un bord de piste ou de spéciale.
« Je suis surtout connu comme la voix du rallye mais on peut dire aussi la voix des sports mécaniques. »


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La voix caractéristique de M. Amand est connue de tout qui a fréquenté un bord de piste ou de spéciale.

« Je suis surtout connu comme la voix du rallye mais on peut dire aussi la voix des sports mécaniques. »

Je le rencontre chez lui avec son épouse. Que ce soit avec ou sans micro, le plaisir de découvrir des gens simples, animés d’une passion est réel et présent. M. Amand évoque et revit sa longue carrière. Ecoutons-le.

« Je suis né en 1935 à Harzé (Aywaille) ,études à l’école moyenne, section gréco-latine. En septembre 1951, j’entre à l ‘Armée pour continuer mes études, instruction militaire le matin et mécanique l’après-midi. Quelques mois plus tard, examen et obtention du premier grade. Ainsi de suite jusqu’en 1956 où je deviens sous-officier. En 1991, je termine ma carrière avec quarante années de service à Gossoncourt. C’est l’école de pilotage élémentaire. Tous les pilotes d’avion ou d’hélicoptère y ont débuté, notamment le Prince Philippe. En 1951, je travaille sur les SV4, biplan, moteur inversé à 4 cylindres

http://fr.wikipedia.org/wiki/Stampe_SV-4

et en 1970, les Marchetti, monoplan, train rétractable, moteur 6 cylindres à plat Lycoming.

http://fr.wikipedia.org/wiki/SIAI_M...

Pourquoi la mécanique ?
Ma famille est liée à la mécanique et aux sports mécaniques. Mon grand-père possédait le Garage de l’Amblève, maison Grégoire, fondé en 1903. Je servais l’essence pendant mon temps libre.

Mon oncle Robert Grégoire, pilote officiel Saroléa, se tue en 1933 à Francorchamps.

Un autre oncle, pilote d’avion, se tue à Wevelgem en 1939. Philippe Grégoire continue la tradition en organisant un trial pour motos anciennes à Aywaille et surtout, en y en participant. Donc, notre famille est liée à ces deux domaines. Les parents de ma femme préparent et vendent pâtisserie, confiserie et glace.

A 18 ans, en 1953, mon père me dit : « Si tu réussis tes examens, je te paye une moto ». Je réussis et nous allons au magasin de mon grand-père qui vend motos, autos, tracteurs. Mon père impose son choix : une Saroléa 125, que je refuse. Comme punition, je dois continuer à vélo pendant un an. A 19 ans, je reçois ma première moto. C’est une Saroléa 200 qui ne tient pas le coup et que je remplace en 1955, par une FN 250.

Ma moto est une ex-moto d’usine. Un ami de mes parents travaille à la F.N.

A la fin de la saison, le service ‘course’ liquide ses bolides et par cet ami, j’ai pu en acheter un. Ma femme et moi avons fait de longs voyages avec cette moto très fiable, par exemple, l’Autriche.Je roule aussi en rallyes de régularité et en trial. Je suis membre du Club d’Aywaille. Avec mes amis , nous participons aux épreuves partout en Belgique et ramenons souvent la Coupe Interclub

Pour notre voyage de noces en 1959, nous partons dans les Vosges avec l’Opel Kapitan de mon papa. En 1961, j’achète ma première voiture, une BMW 700. Ma femme et moi participons en 1962 à notre premier rallye auto : les douze heures de l’Est, à Saint-Vith.

Je suis présent à des rallyes et à des courses de côte jusqu’en 1964. C’est le moment où je débute à Francorchamps comme speaker.Je commence aux 24H avec Jean Leroy, le chef-speaker. Jean est déjà présent en 1947.

http://www.sonuma.be/archive/grand-prix-deurope-1947-à-francorchamps

Hubert de Harlez et Paul Frère sont dans l’organisation. Je dispose d’un talkie-walkie pour collecter les informations en bord de piste et les communiquer à la tour. A partir de 1965, il arrive que je remplace Jean lorsqu’il se repose. Avec lui, je suis allé à Mettet, Chimay, Zolder, partout en Belgique, comme deuxième commentateur pour des courses de voitures et de motos. En 1970, Jean se retire et je continue en solo..Je suis membre de la commission technique RACB (voiture) et FMB (moto), même vice-président de la commission technique du RACB. Un jour, le choix s’est imposé : la commission ou le commentaire. J’ai choisi speaker. A cette époque, c’est une fonction officielle soumise à la licence. Aujourd’hui, le club organisateur choisit ses commentateurs et vous retrouvez les mêmes équipes aux mêmes organisations. L’an dernier (2012), cinq épreuves ‘motos anciennes’ ont été organisées et je les ai toutes commentées. Pour la première fois en 1986, Assen (Hollande) m’accueille comme speaker francophone.


Comment ? Un speaker hollandais vient régulièrement à Francorchamps et m’invite à Assen afin d’assurer les commentaires en français pour les équipages francophones.

Avec mon épouse, j’ai participé pendant quinze ans au rallye du Valais, en Suisse. Cette opportunité s’est concrétisée grâce à Pierre-Antoine Gswend organisateur du rallye du Valais. Il est suisse, présent régulièrement à Huy pour le Condroz et me propose de venir chez lui. Pendant 15 ans, je suis leur speaker officiel.
Au Luxembourg, je commente de nombreux slaloms, courses de côte et aujourd’hui encore, le Rallye du Luxembourg.

Sans doute à cause de la réglementation et des contraintes administratives, il y a nettement moins de rallyes. Malheureusement, beaucoup d’épreuves ont disparu. Il reste deux grands rallyes francophones en championnat de Belgique : le Wallonie et le Condroz. Cette année, (2013), je participe au Condroz pour la quarantième fois ! Madame est toujours présente. Elle s’occupe de l’intendance, logement, nourriture. Elle a aussi beaucoup aidé au pointage mais l’informatique a remplacé cette fonction. Ainsi au Condroz 2012, dès que la voiture se présente pour le dernier passage, toutes les informations de classement apparaissent à l’écran (classement général, classement par classe, équipage féminin, … ).

Si Jean-Pierre a autant de bagout chez lui qu’au micro, il peut rester discret. Je le constate lorsqu’il feuillette ce qu’il appelle son ‘press-book’. Avec les souvenirs accumulés depuis si longtemps, les émotions reviennent et s’imposent.

Voyons ensemble.

« Lettres de remerciements. »

« Ma passion de la mécanique : avant 1950, voici le vélo side-car que j’ai construit. »

« Le vélo reçu de mon grand-père pour mes douze ans, regardez bien la marque ! »

« A 18 ans, je réussis le brevet du bon conducteur. C’est une épreuve organisée par province. Je participe avec la Renault 4CV, de la personne qui sera marraine de mon fils. »

« Départ au trial avec la Ford Vedette de papa et les motos sur la remorque. Début en trial en 1954 sur une moto Socovel, épave dans le garage de grand-père, adaptée au trial par mon oncle Carlo. »

« 1956 : Tour de Belgique moto sur Saroléa. »

« 1959 : tour de Belgique à moto. »


« En compétition auto, j’ai fait deux rallyes et quelques courses de côte en BMW 700, rien avec la 2002. Je ne voulais pas casser notre bijou. »

« En 1987, épreuve pour les journalistes lors des 1000km de Spa-Kouros : changer la roue d’une Mazda de tourisme. Je suis vainqueur. »

« J’ai baptisé le circuit d’Ostende ‘mini-Monaco de la côte belge’. »

« Essai de motos à Zolder avec Pierre Capart de Moto 80. »

« J’ai connu les trois cabines ‘speaker’ de l’ancien circuit. »

« Course de côte : sonorisation avec une camionnette. »

« Les 24H motos : j’ai participé à toutes les éditions comme speaker.
En 1987 avec Michel Siméon, le papa de Xavier. »

« Avec Michel Simul, la nuit. »

« Circuit de Croix-en-Ternois avec Madame. »

« Un vrai trésor : une carte postale d’Argentine signée par Fangio en 1985 et une petite voiture reçue de lui quand il participe à une course avec la Ford Torino au Nurburgring, comme chef d’équipe. »

« Rallye du Luxembourg en 2012 sur la place déjà décorée pour le mariage, avec le président organisateur et le bourgmestre. »

« Il existe un jumelage entre les rallyes du Condroz et du Valais : les Hutois vendent de la bière en Suisse et les Suisses écoulent chez nous, la raclette et surtout, le fendant. A cause du manque de communication entre les deux organisateurs, les épreuves se sont déroulées à la même date et j’ai dû choisir. Le Condroz, évidemment. Lors du rallye du Valais en 1989, j’assure les commentaires des spéciales en direct grâce à un pilote qui me conduit. Le retour de Sapinhaut à Martigny se fait par hélicoptère. Une autre fois, une spéciale est annulée à cause de la neige et nous sommes bloqués en altitude. Je constate que ma femme a disparu. Ouf, c’est pour nous trouver un lit pour la nuit ! »

« Speaker est physiquement éprouvant, surtout quand les clés du bus sont perdues et que le seul accès est la vitre arrière ! »

Madame suit Monsieur depuis le mariage. Moins intéressée que lui par l’aspect de la compétition, elle préfère le côté familial, l’ambiance chaleureuse qui règne au sein de l’épreuve.

« Depuis quelques années, avec la présence de l’informatique que nous ne connaissons pas, nous sommes moins souvent sollicités et présents. De plus, je suis fatiguée lorsque la nuit arrive. Donc, ‘place aux jeunes’ ».

M. Amand, un mauvais souvenir ?

« Surtout un regret : n’avoir jamais été invité à un GP F1 à Francorchamps !
Du côté des mauvais souvenirs, je pense aux nombreuses chutes de pilotes moto qui se sont avérées mortelles. Annoncer la mort de quelqu’un, puis respecter une minute de silence avant un départ sont des moments pénibles.
 »

Un bon moment ?

« Beaucoup, le choix est difficile. Je suis heureux que ma femme et moi ayons eu la santé pour voyager en Belgique, au Luxembourg, en Suisse, pour connaître la chaleur des contacts avec les organisateurs et les pilotes avec qui nous formions une grande famille. Voilà le fait marquant de cette carrière. Vivre quelques jours en caravane dans le parc des coureurs crée des liens. Aujourd’hui, à la fin de la course, chacun rentre chez soi.

Un moment très particulier : être fêté en 2011 devant une horde de pilotes pour mes 25 années d’animation au Superbiker de Mettet.

 »

Une anecdote ?

« Pour le dernier Grand Prix de vitesse moto organisé à Francorchamps sous l’égide de Bernie Ecclestone, je dispose de la licence ‘speaker’ et ma femme reçoit un laissez-passer. Pour rejoindre la cabine, il faut traverser la tribune. Ma femme peut et moi pas.

Lors d’une course, nous apportons des œufs à l’organisation et mon épouse les tient précieusement. Notre voiture dérape sur une plaque de verglas, tête-à-queue. Ma femme a crié mais a gardé tous les œufs intacts ! »

Le temps passe vite en bonne compagnie. Je suis heureux de rencontrer la passion et j’essaye de la rendre.

Pour ce que vous avez partagé avec nous, M. Amand,

M E R C I !

Dimitri et Philippe Haulet.

Quelques ‘grands’ rencontrés parmi tant d’autres….

Snijers

Renaud Verreydt

François Duval

Bruno Thiry

Agostini

Phil Read

Barry Sheene

Vos commentaires

  • Le 13 mars 2013 à 21:11, par Lionel Constant En réponse à : Jean-Pierre Amand, la voix du rallye.

    Tres bel article sur un grand monsieur dont je suis resolument fan ... Avez-vous d’autres extraits sonores dont je pourrai me delecter ?

  • Le 14 mars 2013 à 17:51, par Philippe En réponse à : Jean-Pierre Amand, la voix du rallye.

    M. Constant,
    Je vois avec M. Amand.
    Merci pour votre commentaire.

  • Le 23 mars 2013 à 16:13, par lodewyckx jacques En réponse à : Jean-Pierre Amand, la voix du rallye.

    tres bien connu jean-pierre , du temps ou j etait avec françois, un tres grand messieur et tres gentille dame ,merci jean-pierre

  • Le 22 avril 2013 à 08:49, par Degroote Louis En réponse à : Jean-Pierre Amand, la voix du rallye.

    Je sillonne depuis plus de 35 ans la compétition "rallye" en tant que pilote amateur et toujours très heureux d’entendre la voix d’Armand aux différentes épreuves.Bravo et Merci

  • Le 26 août 2014 à 12:09, par Hermans André En réponse à : Jean-Pierre Amand, la voix du rallye.

    Bonjour,
    Je me suis senti rajeuni de 40 ans ce W-E à Gedinne au Belgian TT
    J’ai entendu la même voix qui accompagnait mes courses de côte en Zuendapp Gelande 125 dans le milieu des années 70.
    Merci Monsieur Amand :-) André Hermans

  • Le 11 juin 2015 à 09:34, par Rose Thierry En réponse à : Jean-Pierre Amand, la voix du rallye.

    je suis devenu speaker grâce à Jean pierre cet avec lui que j’ai commencer je suis heureux de voire la photos à croix ils m avais remplacer la bas un très grand Monsieur et une gentille dame merci à lui pour ce que je suis arriver maintenant merci merci
    Thierry rose speaker

  • Le 11 janvier 2017 à 22:45, par Calay Christophe En réponse à : Jean-Pierre Amand, la voix du rallye.

    Passionné de sports mécaniques, cette voix fait partie intégrante de tout mes souvenirs sportifs. J’ai sans doute entendu pour la première fois la voix de Jean Pierre sur le circuit de vitesse pure moto à Gedinne. Commentant les passes d’armes entre Michel Siméon et Michel Simul. Cette voix j’allais la retrouver tout au long de mon existence sur les meetings. Un vrai bonheur. Merci pour tout ces bons souvenirs qui résonnent encore dans ma tête aujourd’hui. Christophe.

  • Le 26 mai 2018 à 13:14, par Marc Duchêne En réponse à : Jean-Pierre Amand, la voix du rallye.

    Cet homme est un Monsieur avec un grand "M" ! Quelle belle preuve de qualité et de longévité. A coup sûr, un exemple sur lequel s’inspirer pour nos Jeunes et ce, quelle que soit l’activité professionnelle envisagée...

  • Le 18 août 2021 à 00:25, par Daniel Soret En réponse à : Jean-Pierre Amand, la voix du rallye.

    Ancien des courses de côtes motos, en 250 (avec Richerd Hubin et parfois les frères De Radigues) puis en 500, sur Suzuki...
    Je n’oublierai jamais les commentaires pertinents de l’ami Jean-Pierre !
    Un vrai de vrai et à qui je dis et redis ... merci !

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