A la rencontre de ‘ Monsieur Ritter’ : Stéphane Lugens.

Dimitri Haulet, Philippe Haulet    2017-01-29 12:38:16   


Stéphane, comment es-tu tombé dans le baquet d’un buggy ?

« Je suis passionné de mécanique depuis toujours.
A 17 ans, lors d’une fête locale, mon cousin me demande si un buggy m’intéresse.
’ Un buggy ? C’est quoi ?’ »


« Mon père qui nous accompagne me renseigne. Il a connu les buggies Apal. Celui-ci est un Ritter court et nous allons le voir. La caisse pend au plafond, le châssis est accroché au mur. Rien d’autre que capot, coque, châssis nu et papiers de Coccinelle. »



« J’achète. Je reconstruis entièrement le buggy : jantes trouvées à Fleurus, tableau de bord à Liège, cadre de pare-brise à Ans, spoiler à Ciney, cache-soupapes à Bomal, sièges à Bruxelles. Quant à l’arceau, il est fait sur mesure à Philippeville.

A 18 ans je fais les meetings et pour tout le monde, je deviens M. Ritter. Par moments, la vie familiale reprend le dessus mais la passion revient toujours au premier plan. Je possède les deux dernières caisses courtes sorties de chez Ritter. »



« Avec ardeur, j’ai monté le mien, racheté et monté le deuxième pour mon père. Le monde des vieilles voitures est très bon-enfant, convivial. Bel exemple que notre souper de fin d’année où chacun fournit boissons et nourriture. Si quelqu’un rencontre un souci, nous apportons notre aide sans esprit de lucre.

Dernièrement, pour un problème avec un Apal 4000, je prends congé et je vais chez le propriétaire. Je prépare son dossier pour le Ministère. C’est ainsi que nous travaillons. Avec Michel pour Apal et Daniel Dodeur pour Mean, nous voulons garder la trace d’un patrimoine liégeois et belge. »



Ritter ?

« Ritter a été distribué dans 80 pays différents. Apal et Ritter ont collaboré pendant quelques mois. Vingt buggies Apal ont porté le nom Ritter. Ritter est né au garage de la Cloche où M. Thiry vend des camions DKW, NSU, Audi.

A l’heure du choix, il devient concessionnaire VW. Après de bonnes ventes, il n’écoule plus facilement les Coccinelles car elles sont moins puissantes que leurs concurrentes. Comment y remédier ? Par une préparation : volant-moteur, allumage, carburateurs, échappement, culasses atmosphériques.

Le résultat est concluant : la puissance passe de 50 à 80 CV. Il faut aussi trouver un nom accrocheur. Cette Coccinelle préparée est un pur-sang, le pur-sang est un cheval monté par un chevalier qui se dit Ritter en allemand. Telle est l’origine du nom. »



« Après les Coccinelles, pendant quelques mois, M. Thiry construit des buggies en collaboration avec Apal. Après le salon de Bruxelles de 1969, il fait cavalier seul. Sur base du dessin d’un prototype, M. Thiry, le chef d’atelier et le peintre travaillent secrètement dans un ancien atelier de menuiserie.

Sur un châssis de Coccinelle, ils soudent des tôles pour la coque. Un ouvrier très compétent crée les outils nécessaires à ce travail et ainsi le prototype naît. La société Rosart de Fleurus fabrique les coques en polyester. Le garage est aussi importateur jantes Lemmerz. »



« Malheureusement, au cours des années, les réglementations et normes de sécurité de plus en plus sévères précipitent la disparition des petits constructeurs. Cette époque a permis la concrétisation des rêves et M. Thiry considère avoir vécu une belle expérience.

Aujourd’hui, il est rare de voir un buggy Ritter. Au dernier Bug-Show, j’en ai compté cinq. Je pense que l’explication est due à la fermeture du garage de la Cloche car l’absence de papiers est un problème administratif insoluble.

Certaines pièces, comme le cache-soupapes et les jantes, ont été créées pour Ritter mais non commercialisées pour des raisons d’approvisionnement ou de résistance. Le succès du buggy est aussi lié à la forme de vente : un kit de base et des options à la carte selon le budget. »



« Il y a 3 ans, Michel me dit : ’Fais pour Ritter ce que je fais pour Apal’. Malheureusement, plus rien n’existe des archives de Ritter mais je me suis lancé malgré cela. J’organise mes recherches surtout par internet et je participe aux meetings. Je suis facilement identifiable et je montre clairement ce que je recherche. Je noue ainsi des contacts et obtiens des renseignements.

Je rencontre Claude Thiry qui ne dispose plus que d’un plan de montage parce que, lors de la reprise du garage, les archives ont disparu. Il est impressionné par ce que j’ai collecté, notamment le plan officiel VW pour raccourcir le châssis. M. Thiry s‘étonne : ’ Qui aurait cru que 40 ans après, je parlerais encore de Ritter.’ »



Tes véhicules ?

« Le Ritter long est complet, avec le châssis nu rouge en cours de restauration. Vendu en Flandre puis à Chiny, un ami le rachète mais n’a pas le temps de le retaper. Je le trouve envahi par la végétation. Il faut même scier un arbre. Je l’ai depuis 2 à 3 ans. Les papiers sont allemands. Je dispose d’une Coccinelle pour les pièces. La restauration en cours mais demande beaucoup de temps. Le Ritter long est rare mais nous en avons trois chez nous et mon petit frère possède un Apal Jet. »

Le buggy rouge, tel que je l’ai découvert.
Le buggy rouge, tel que je l’ai découvert.
©Stéphane Lugens.



« Le Ritter bleu est celui acheté à mes 17 ans. Suite à un accident, le train avant plié et capot explosé, je l’ai réparé il y a 5 à 6 ans. »



« Le Ritter jaune est refait aussi depuis 4 à 5 ans. Le plancher pourri est remplacé, le moteur est un 1600 sur base de 1500 type 3. Le pare-brise est incorporé à l’arceau six points. Des moules existent encore pour les jupes, le spoiler AV, le coffre de batterie, la plaque AR. Malheureusement pas pour le tableau de bord, ni le capot. Pour le tableau de bord, je place un Apal modifié et je possède aussi deux capots. »



Tes envies ?

« J’ai un projet : organiser à Autoworld, une exposition des constructeurs belges, avec Ritter long et court, Van Clee traditionnel, Van Clee Highway, VF Dune, Mean Sonora, Mean Liberta, Apal court et long, Jet, Corsa, Auki, Samtrack, Horizon, Coupé. Par nos nombreux contacts avec les propriétaires, ce devrait donc être facilement réalisable. »

N’hésitez pas à visiter le site de Stéphane, à partager sa passion et ses connaissances :

Buggy Ritter.

Dimitri et Philippe Haulet.

©Stéphane Lugens.
©Stéphane Lugens.

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